• Taillé dans la masse - JP Rasse

    "Taillé dans la masse" Recueil de poèmes, de Jean-Pierre RASSE, Editions Astrée - ARCAM, MusiMuse Production ISBN 2-86476-377-X, 1992.

    Quatrième de couverture :

    Taillé dans la masse... Dans quelle masse, me demanderez-vous? Dans celle de mon oeuvre poétique, du début à ce jour, si touffue et si disparate qu'il faut bien y couper à tour de bras. Les poètes me comprendront : la matière elle-même, rebelle, grumeleuse, filandreuse, coriace à n'en pouvoir venir à bout, nécessite bel et bien une taille ardue. Le moindre poème est un bloc récalcitrant, difficile à mettre en forme pour qu'il tienne debout, sonne, respire, brille de toutes ses facettes. Ajouterais-je que, de par mon métier, habitué à façonner toutes sortes de matériaux aux réactions imprévisibles, je me sens souvent tailleur de pierre, forgeron ou sculpteur?... N'aurais-je pas, sans trop me l'avouer, un petit penchant pour le coup de marteau vigoureux, le burin incisif, le trait violemment accusé?... Mes amis sauront que perdre la vue et n'en pas moins continuer de travailler, de vivre comme tout le monde, au prix de batailles et de stratagèmes, durcit le caractère qui devient sélectif, prompt à élaguer. Ainsi ai-je opéré des coupes sombres dans mes relations, ainsi ai-je tranché dans le vif pour éliminer les outrances, les niaiseries, les bavures de mon domaine sentimental. En bref, vous le voyez, je n'arrête pas de tailler !... J.-P. R


    Note de l'éditeur :

    Cet ouvrage, résultant d'une compilation de plusieurs recueils précédents, possédant chacun son caractère propre, contient obligatoirement des poèmes de facture et d'esprit très différents. Nous les trouverons ci-après reclassés par genre, ce qui divise l'ensemble en cinq séries distinctes, comportant chacune un titre qui en donne le ton, ce titre étant souvent celui du premier poème de la série ou s'y lisant à l'intérieur.

    Première partie : "Accent grave".

    Textes sérieux et solides, plutôt sombres, où affleurent quelques regrets, un rien de révolte, sauf pour le dernier poème qui débouche sur une grande lueur d'espoir.

    Deuxième partie : “De quoi parlais-je?” Textes légers, vifs et gais, faits pour s'amuser, certes, mais où la dérision, l'ironie, la fantaisie débridée assènent toutes sortes de vérités bonnes à dire.

    Troisième partie : “Pellicule sensible”. Tableautins et scénettes avec personnages, accessoires, décors, ambiances, gravés sur les films hyper improbable du rêve nocturne où de la mémoire courante. Ces images ainsi “visionnées” prennent un relief accusé, des couleurs étonnantes. Elles passent en coupures brutales ou en fondus enchaînés, du burlesque au tragique, de l'anodin à l'énormité, donnant toujours beaucoup à penser.

    Quatrième partie : “Baume ou poison”. Où apparaissent les femmes dans leur essentialité, suscitant admiration, attirance, réticence, méfiance, parfois une certaine compassion. Quoique regardée sous l'angle poétique, on aperçoit la dominatrice impitoyable aussi bien que la victime douloureuse de notre société. Mais, rassurez-vous, jamais rien de morbide ni de désespéré. Même dans l'amertume, même dans la rancune à peine déguisée, la note d'humour s'entend.

    Cinquième partie : “Nous autres”. Dédiée aux camarades de cécité et à tout ceux qui peuvent comprendre la dureté mais aussi les subtilités de ce handicap frustrant. Cela fait bien des pilules à avaler, bien des situations difficiles ou invraisemblables à assumer, mais quoi... Il faut faire avec, en rire à l'occasion. La vie a encore du bon !


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